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Orque Orcinus orca

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L’orque est une espèce emblématique, longtemps vénérée par diverses cultures aborigènes et souvent la vedette de spectacles animaliers dans les parcs aquatiques. Cette espèce a récemment été rendue encore plus célèbre par des films comme « Blackfish » et « Sauvez Willy ». D’un point de vue scientifique, il s’agit de la plus grande espèce de dauphin, mais elle est appelée baleine en anglais (killer whale) en raison de sa grande taille. Il s’agit de l’espèce de cétacé la plus répandue, car elle est présente dans tous les bassins océaniques et dans plusieurs mers semi-fermées comme le golfe Persique et certaines parties de la Méditerranée. L’orque est très caractéristique et facilement reconnaissable. Bien qu’elle soit toujours considérée comme une seule espèce, il existe au moins huit formes différentes reconnues, qui diffèrent par leur couleur et leur apparence, leurs habitudes alimentaires et leur écologie. Deux sous-espèces sans nom sont reconnues au large de la côte ouest de l’Amérique du Nord : les orques « de passage », qui se nourrissent de mammifères, et les orques « sédentaires », qui se nourrissent de poissons. Si, dans de nombreuses parties de leur aire de répartition, elles sont très mobiles et leur localisation est difficile à prévoir, il existe quelques secteurs où elles sont soit sédentaires, soit présentes de manière prévisible à certaines saisons, et constituent ainsi l’une des principales attractions des excursions d’observation des baleines. 

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Risques de confusion

Il serait difficile de confondre l’orque avec toute autre espèce dans son aire de répartition. De loin, un groupe sans mâles adultes peut être confondu avec un groupe de dauphins de Risso en raison de leur aileron dorsal proéminent. Mais une fois que leurs corps sont visibles, les motifs caractéristiques noir et blanc permettent de distinguer les orques de toute autre espèce.

Répartition

Les orques sont présentes partout dans le monde. Bien qu’elles soient plus communes dans les régions froides où leurs grandes espèces-proies sont plus abondantes, elles semblent également fréquenter les zones tempérées et tropicales, profitant d’opportunités d’alimentation temporaires ou saisonnières1,2.

L’orque est présente dans les pays ou territoires suivants : Afrique du Sud ; Algérie ; Allemagne ; Angola ; Anguilla, Antarctique ; Antigua-et-Barbuda ; Arabie Saoudite ; Argentine ; Aruba ; Australie ; Bahamas ; Bahreïn ; Bangladesh ; Barbade ; Belgique ; Bélize ; Bénin ; Bermudes ; Bonaire, Saint-Eustache et Saba ; Brésil ; Brunéi Darussalam ; Cabo Verde ; Cambodge ; Cameroun ; Canada ; Chili ; Chine ; Chypre ; Colombie  ; Comores ; Congo ; Congo (République démocratique du) ; Corée (République de) ; Corée (République populaire démocratique de) ; Costa Rica ; Côte d’Ivoire ; Croatie ; Cuba ; Curaçao ; Danemark ; Djibouti ; Dominique ; Égypte ; El Salvador ; Émirats arabes unis ; Équateur ; Érythrée ; Espagne  ; États-Unis d’Amérique ; Fédération de Russie ; Fidji ; Finlande ; France ; Gabon ; Gambie ; Géorgie du Sud et les îles Sandwich du Sud ; Ghana ; Grèce ; Grenade ; Groenland ; Guadeloupe ; Guam ; Guatemala ; Guinée ; Guinée équatoriale ; Guinée-Bissau ; Guyana ; Guyane française ; Haïti ; Honduras ; Hong Kong ; Îles Malouines (Falkland/Malvinas) ; Îles Caïmans ; Îles Cook ; Îles Féroé ; Îles Marshall ; Îles Pitcairn ; Îles Salomon ; Îles Turques-et-Caïques ; Îles Vierges (américaines et britanniques), Wallis-et-Futuna ; Inde ; Indonésie ; Iran ; Irlande ; Islande ; Israël ; Italie ; Jamaïque ; Japon ; Kenya ; Kiribati ; Koweït ; Liban ; Libéria ; Libye ; Madagascar ; Malaisie ; Maldives ; Malte ; Maroc ; Martinique ; Mauritanie ; Mayotte ; Mexique ; Micronésie ; Monaco ; Monténégro ; Montserrat ; Mozambique ; Myanmar ; Namibie ; Nauru ; Nicaragua ; Nigéria ; Nioué ; Norvège ; Nouvelle-Calédonie ; Nouvelle-Zélande ; Oman ; Pakistan ; Palaos ; Panama ; Papouasie–Nouvelle-Guinée ; Pays-Bas ; Pérou ; Philippines ; Polynésie française ; Porto Rico ; Portugal ; Qatar ; République arabe syrienne ; République dominicaine ; Réunion ; Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ; Sahara occidental ; Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha ; Sainte-Lucie ; Saint-Kitts-et-Nevis ; Saint-Martin (partie française) ; Saint-Martin (Sint Marteen, partie néerlandaise) ; Saint-Vincent-et-les-Grenadines ; Samoa ; Sao Tomé-et-Principe ; Sénégal ; Seychelles ; Sierra Leone ; Singapour ; Somalie ; Soudan ; Sri Lanka ; Suède ; Suriname ; Svalbard et Jan Mayen ; Taiwan (Province de Chine) ; Tanzanie (République-Unie de) ; Terres australes françaises ; Thaïlande ; Timor-Leste ; Togo ; Tokélaou ; Tonga ; Trinité-et-Tobago ; Tunisie ; Turquie ; Tuvalu ; Uruguay ; Vanuatu ; Venezuela (République bolivarienne du) ; Viet Nam ; Yémen. 

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Biologie et écologie

Alimentation

Les différentes populations d’orques du monde entier ont développé des préférences particulières en matière de proies qui semblent façonner leur comportement, leurs habitudes et, selon certains, leur culture. Les orques « sédentaires » des côtes de Colombie-Britannique, au Canada, se nourrissent de poissons, principalement de saumons. Elles font partie des orques les mieux étudiées au monde, car elles ont un domaine vital restreint et prévisible. Toutefois, leur dépendance à l’égard des stocks de saumons, qui sont en forte baisse, menace la population d’extinction. Une autre population d’orques dont l’aire de répartition est beaucoup plus vaste et chevauche celle des sédentaires est celle des orques « de passage » ou orques de Bigg. Elles se nourrissent principalement de mammifères marins, notamment de dauphins, de phoques et de baleines – en particulier de jeunes baleines grises lors de leur migration vers le nord. Au large des côtes norvégiennes, les orques se nourrissent de harengs et d’autres poissons, tandis que celles de Patagonie (Argentine) sont connues pour s’échouer partiellement afin de capturer de jeunes otaries dans des eaux peu profondes. D’autres encore, en Antarctique, ont mis au point une tactique consistant à créer des vagues pour faire glisser les phoques de la banquise1.

Structure sociale, reproduction et croissance

Les orques vivent dans des groupes familiaux très soudés. La femelle donne généralement naissance à son premier petit à l’âge de 12 à 14 ans. La durée de gestation, entre 15 et 18 mois, est l’une des plus longues connues pour les cétacés3. Le petit est généralement allaité pendant au moins un an et commence à compléter son alimentation par des aliments solides quelque temps avant son sevrage. Cependant, même après son sevrage, le jeune reste généralement dépendant de sa mère au moins jusqu’à la naissance du petit suivant, soit en moyenne 5 ans. Cette période de dépendance relativement longue pourrait être liée à la nécessité pour la mère d’apprendre à son jeune à chasser différents types de proies. Une femelle donne naissance à 5 petits en moyenne sur une période de 25 ans. Elle entre ensuite dans une période de plusieurs décennies au cours de laquelle elle n’a plus de petit, mais joue un rôle important dans le groupe familial en « s’occupant » de ceux des autres femelles. Avec le globicéphale et le cachalot, l’orque fait partie des seules espèces de mammifères autres que l’humain dont les femelles ont une période post-reproductive prolongée (ménopause)4.

Les groupes d’orques ont également des « langages » distincts, et même les groupes dont les aires de répartition se chevauchent, comme les orques sédentaires et les orques de passage au large de la Colombie-Britannique, semblent être séparés socialement par des structures d’appel complètement différentes5.

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Recherche, menaces et état de conservation

L’un des outils les plus importants pour étudier les orques est la photo-identification. Presque toutes les orques sont reconnaissables individuellement aux cicatrices et à la forme de leur aileron dorsal ainsi qu’à la tache en forme de selle à l’arrière de l’aileron. Dans certaines populations, la photo-identification a été utilisée pour suivre le cycle de vie d’individus pendant plus de 35 ans6. De plus amples informations sur les techniques de recherche utilisées pour étudier les cétacés sont disponibles ici.

Prédateurs naturels

Les orques n’ont aucun prédateur naturel connu, sauf peut-être d’autres orques. 

Menaces d’origine humaine

Bien que les orques, de par leur corpulence et leur force, semblent moins susceptibles de faire l’objet de prises accessoires dans les engins de pêche que d’autres espèces de cétacés, les pêcheurs les perçoivent souvent comme une menace et peuvent tirer au fusil sur des individus dans les zones où elles prennent des poissons de leurs hameçons7. Les orques sont également vulnérables à la diminution des sources alimentaires – comme le saumon Chinook dans les régions côtières de la Colombie-Britannique et de l’État de Washington ainsi que le thon rouge près du détroit de Gibraltar8,9, le déclin de ces deux espèces ayant été corrélé à celui des effectifs d’orques10.

En tant que prédateurs supérieurs, les orques sont également vulnérables à la bioaccumulation des contaminants qui se concentrent à chaque niveau de la chaîne alimentaire11,12. Il a aussi été démontré qu’elles sont vulnérables au trafic maritime, notamment aux bateaux d’observation des baleines13,14.

État de conservation

Les orques ont été activement chassées en Norvège, au Japon, en Union soviétique et dans l’Antarctique jusque dans les années 1980, mais elles ne sont plus capturées qu’en petits nombres pour l’alimentation (ou dans le cadre de mesures de contrôle de la population) dans les pêcheries côtières du Japon, du Groenland, de l’Indonésie et de certaines îles caribéennes15. L’orque est classée dans la catégorie Données insuffisantes sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN16. Les huit formes actuellement reconnues17 ont une aire de répartition qui s’étend sur tant d’habitats différents que l’état de leur population est difficile à évaluer. En 2006, la population mondiale d’orques était estimée à au moins 50 000 individus2, mais seules quelques populations ont été suffisamment bien étudiées pour que des estimations fiables de l’abondance puissent être générées. L’orque est inscrite aux Annexes I et II de la Convention sur les espèces migratrices (CMS). Les populations de l’Atlantique Nord oriental ainsi que du Pacifique Nord oriental sont inscrites à l’Annexe II de la CMS. 

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Orques et tourisme d’observation

Les orques les plus observées au monde sont peut-être celles qui font l’objet d’excursions d’observation en Colombie britannique, au Canada, et dans l’État de Washington, aux États-Unis. Les excursions dans cette région ciblent deux populations différentes d’orques, les orques de Bigg de passage et les orques du Sud sédentaires. Ces dernières ont fait l’objet de nombreuses études visant à évaluer l’impact du tourisme d’observation sur cette population vulnérable. Les chercheurs en ont conclu que les perturbations à court terme causées par la présence des bateaux peuvent mettre en péril la population18-20. Les résultats de ces études ont conduit à de nombreuses mesures de gestion destinées à réduire les dérangements, et le suivi de la population se poursuit, les opérateurs des activités d’observation se concentrant davantage sur la population en bonne santé des orques de passage. Les orques sont aussi ciblées pour des activités de recherche et d’observation au cours de croisières en live-aboard en Antarctique. Les recherches permettent d’établir des recommandations sur le nombre de bateaux, les distances et les niveaux de bruit les moins susceptibles de causer de graves perturbations, et fournit ainsi des données utiles pour l’élaboration de lignes directrices visant à limiter l’impact potentiel des activités d’observations sur le bien-être et la survie à long terme des animaux18,21,22. L’observation terrestre des cétacés depuis la côte ouest des États-Unis et du Canada, telle qu’elle est promue par le Whale Trail, offre un moyen d’observation de cette magnifique espèce sans aucun impact.

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Références

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  1. Ford, J. K. B. Orcinus orca in Encyclopedia of Marine Mammals   (eds W. Perrin, B. Wursig, & J.G.M. Thewissen)  650-657 (Elsevier, 2009).
  2. Forney, K. A. & Wade, P. R. Worldwide distribution and abundance of killer whales in Whales, whaling and ocean ecosystems   (eds J. Estes et al.)  145-162 (University of California Press, 2006).
  3. Olesiuk, P. K., Bigg, M. A. & Ellis, G. M. Life history and population dynamics of resident killer whales (Orcinus orca) in the coastal waters of British Columbia and Washington State. Report of the International Whaling Commission Special Issue 12, 209-243 (1990).
  4. Foote, A. D. Mortality rate acceleration and post-reproductive lifespan in matrilineal whale species. Biology Letters 4, 189-191 (2008).
  5. Yurk, H., Barrett-Lennard, L. G., Ford, J. K. B. & Matkins, C. O. Cultural transmission within maternal lineages: vocal clans in resident killer whales in southern Alaska. Animal Behaviour 63, 1103-1119 (2002).
  6. Matkin, C. O., Ward Testa, J., Ellis, G. M. & Saulitis, E. L. Life history and population dynamics of southern Alaska resident killer whales (Orcinus orca). Marine Mammal Science 30, 460-479, doi:10.1111/mms.12049 (2014).
  7. Poncelet, E., Barbraud, C. & Guinet, C. Population dynamics of killer whales in the Crozet Archipelago, southern Indian Ocean: A mark-recapture study from 1997 to 2002. Journal of Cetacean Research and Management 11, 41-48 (2010).
  8. Cañadas, A. & de Stephanis, R. Orcinus Orca in The Status and Distribution of Cetaceans in the Black Sea and Mediterranean Sea: Workshop Report   (eds Randall Reeves & Giuseppe Notarbartolo di Sciara)  (2006).
  9. Esteban, R. et al.  Chapter Five - Conservation Status of Killer Whales, Orcinus orca, in the Strait of Gibraltar in Advances in Marine Biology Vol. 75  (eds Giuseppe Notarbartolo Di Sciara, Michela Podestà, & Barbara E. Curry)  141-172 (Academic Press, 2016).
  10. Ford, J. K. B., Ellis, G. M., Olesiuk, P. F. & Balcomb, K. C. Linking killer whale survival and prey abundance: food limitation in the oceans' apex predator? Biology Letters 6, 139-142, doi:10.1098/rsbl.2009.0468 (2010).
  11. Jepson, P. D. et al. PCB pollution continues to impact populations of orcas and other dolphins in European waters. Scientific Reports 6, 18573, doi:10.1038/srep18573 https://www.nature.com/article... (2016).
  12. Ross, P. S., Ellis, G. M., Ikonomou, M. G., Barrett-Lennard, L. G. & Addison, R. F. High PCB Concentrations in Free-Ranging Pacific Killer Whales, Orcinus orca: Effects of Age, Sex and Dietary Preference. Marine Pollution Bulletin 40, 504-515, doi:https://doi.org/10.1016/S0025-... (2000).
  13. Lusseau, D., Bain, D. E., Williams, R. & Smith, J. C. Vessel traffic disrupts the foraging behavior of southern resident killer whales Orcinus orca. Endangered Species Research 6, 211-221 (2009).
  14. Williams, R., Bain, D. E., Smith, J. C. & Lusseau, D. Effects of vessels on behaviour patterns of individual southern resident killer whales Orcinus orca. Endangered Species Research 6, 199-209 (2009).
  15. Reeves, R. R., Smith, B. D., Crespo, E. A. & Notarbartolo di Sciara, G. Dolphins, Whales and Porpoises: 2002-2010 Conservation Action Plan for the World's Cetaceans.  (IUCN, 2003).
  16. Reeves, R., Pitman, R. & Ford, J. K. B. in The IUCN Red List of Threatened Species 2017     (e.T15419A50367860. Downloaded on 10 December 2017., 2017).
  17. Jefferson, T. A., Webber, M. A. & Pitman, R. L. Marine Mammals of the World: a Comprehensive Guide to their Identification. Second Edition.  (San Diego: Academic Press, 2015).
  18. Erbe, C. Underwater noise of whale-watching boats and potential effects on killer whales (Orcinus orca), based on an acoustic impact model. Marine Mammal Science 18, 394-418 (2002).
  19. Williams, R., Lusseau, D. & Hammond, P. S. Estimating relative energetic costs of human disturbance to killer whales (Orcinus orca). Biological Conservation 133, 301-311, doi:http://dx.doi.org/10.1016/j.bi... (2006).
  20. Williams, R., Trites, A. W. & Bain, D. E. Behavioural responses of killer whales (Orcinus orca) to whale-watching boats: opportunistic observations and experimental approaches. Journal of Zoology 256, 255-270, doi:10.1017/S0952836902000298 (2002).
  21. Ashe, E., Noren, D. P. & Williams, R. Animal behaviour and marine protected areas: incorporating behavioural data into the selection of marine protected areas for an endangered killer whale population. Animal Conservation 13, 196-203 (2010).
  22. Williams, R. & Ashe, E. Killer whale evasive tactics vary with boat number. Journal of Zoology 272, 390-397, doi:10.1111/j.1469-7998.2006.00280.x (2007).

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