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Rorqual de Bryde Balaenoptera edeni

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Le rorqual de Bryde est l’une des espèces de baleines à fanons les plus mal connues. Également appelé « rorqual tropical », en raison de sa préférence pour les eaux d’une température d’au moins 16 °C, il fréquente les eaux côtières et la haute mer à des latitudes comprises entre 40° S et 40° N. Il a été confondu de tout temps avec le rorqual de Rudolphi, qui est plus grand et a une aire de répartition plus tempérée et subpolaire. Une confusion supplémentaire est causée par l’incertitude quant à l’existence possible de deux espèces de rorquals de Bryde, provisoirement classées comme deux sous-espèces dont les aires de répartition se chevauchent partiellement : Balaenoptera edeni edeni, le plus petit ; et B. e. brydei, généralement plus grand 1,2. Une autre espèce autrefois confondue avec le rorqual de Bryde est le rorqual d’Omura (Balaenoptera omurai) qui n’a été décrit qu’en 20033, dont l’aire de répartition peut chevaucher celle des deux sous-espèces de rorqual de Bryde. Alors que les taxonomistes, les généticiens et les chercheurs sur le terrain s’efforcent de mieux comprendre ce complexe d’espèces, les observateurs de baleines peuvent espérer les apercevoir en Afrique du Sud, en Nouvelle-Zélande, dans le golfe de Thaïlande et au Brésil, où leur aire de répartition chevauche celle d’autres espèces de baleines plus prévisibles et mieux étudiées.

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Risques de confusion

De loin, le rorqual de Bryde peut être confondu avec d’autres rorquals comme le rorqual bleu, le rorqual à museau pointu, le rorqual commun ou le rorqual de Rudolphi. Il devrait être facile de le distinguer du rorqual bleu et du rorqual commun en raison de la taille beaucoup plus grande et de la coloration unique de ces espèces. Cependant, différencier le rorqual de Bryde, le rorqual de Rudolphi et le rorqual d’Omura est extrêmement difficile, et il est connu que même la littérature scientifique et les données de chasse à la baleine contiennent un certain nombre d’erreurs d’identification. La tête du rorqual de Bryde est assez plate, alors que la mâchoire et le rostre du rorqual de Rudolphi sont légèrement courbés vers le bas. Cependant, le critère d’identification le plus fiable du rorqual de Bryde est la présence de trois crêtes parallèles allant de l’évent à l’extrémité du rostre, alors que le rorqual de Rudolphi et les autres rorquals n’ont qu’une seule crête centrale. 

Répartition

Le rorqual de Bryde est également appelé « rorqual tropical », en raison de son apparente préférence pour les eaux dont la température est supérieure à 16 °C et de sa concentration aux latitudes comprises entre 40° S et 40° N. Bien que des déplacements saisonniers entre des eaux plus chaudes et plus froides aient été documentés pour certaines populations, d’autres populations restent toute l’année dans les eaux côtières tropicales ou subtropicales4,5. On trouve les rorquals de Bryde aussi bien dans les eaux côtières qu’au large, et ils ont tendance à être associés à des zones de forte productivité, comme les zones de remontée d’eau froide appelées upwelling. 

Le rorqual de Bryde est présent dans les pays et territoires suivants :  Afrique du Sud ; Angola ; Anguilla ; Antigua-et-Barbuda ; Arabie saoudite ; Argentine ; Aruba ; Australie ; Bahamas ; Bahreïn ; Bangladesh ; Barbade ; Belize ; Bénin ; Bermudes ; Bonaire, Saint-Eustache et Saba (Saba, Saint-Eustache) ; Brésil ; Cabo Verde ; Cambodge ; Cameroun ; Chili ; Chine ; Colombie ; Comores ; Congo ; Congo (République démocratique du) ; Corée (République de) ; Corée (République populaire démocratique de) ; Costa Rica ; Côte d’Ivoire ; Cuba ; Curaçao ; Djibouti ; Dominique ; El Salvador ; Émirats arabes unis ; Équateur ; Érythrée ; États-Unis d’Amérique ; Fidji ; Gabon ; Gambie ; Ghana ; Gibraltar ; Grenade ; Guadeloupe ; Guam ; Guatemala ; Guinée ; Guinée équatoriale ; Guinée-Bissau ; Guyana ; Guyane française ; Haïti ; Honduras ; Îles Caïmans ; Îles Cocos (Keeling) ; Îles Cook ; Îles Mariannes septentrionales ; Îles Marshall ; Îles Pitcairn ; Îles Salomon ; Îles Turques et Caïques ; Îles Vierges américaines ; Îles Vierges britanniques ; Inde ; Indonésie ; Irak ; Iran (République islamique d’) ; Jamaïque ; Japon ; Kenya ; Kiribati ; Koweït ; Libéria ; Madagascar ; Malaisie ; Maldives ; Maroc ; Martinique ; Maurice ; Mauritanie ; Mexique ; Micronésie (États fédérés de) ; Mozambique ; Myanmar ; Namibie ; Nauru ; Nicaragua ; Nigéria ; Nioué ; Nouvelle-Calédonie ; Nouvelle-Zélande ; Oman ; Pakistan ; Palaos ; Panama ; Papouasie–Nouvelle-Guinée ; Pérou ; Philippines ; Polynésie française ; Porto Rico ; Qatar ; République dominicaine ; Réunion ; Sahara occidental ; Sainte-Lucie ; Saint-Kitts-et-Nevis ; Saint-Martin (partie française) ; Saint-Martin (Sint Maarten, partie néerlandaise) ; Saint-Vincent-et-les-Grenadines ; Samoa ; Samoa américaines ; Sao Tomé-et-Principe ; Sénégal ; Seychelles ; Sierra Leone ; Singapour ; Sri Lanka ; Taïwan (Province de Chine) ; Tanzanie (République-Unie de) ; Thaïlande ; Timor-Leste ; Togo ; Tonga ; Trinité-et-Tobago ; Tuvalu ; Uruguay ; Vanuatu ; Venezuela (République bolivarienne du) ; Viet Nam ; Wallis et Futuna ; Wallis-et-Futuna ; Yémen.

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Biologie et écologie

Alimentation

Les rorquals de Bryde se nourrissent principalement de poissons vivant en bancs (notamment de sardines, d’anchois, de maquereaux et de harengs), mais également de crustacés tels que le krill, des copépodes ou des crabes rouges pélagiques. Des restes de calmar ont même été détectés dans le contenu stomacal de certains spécimens4,6. Ils sont généralement associés à des zones tropicales ou subtropicales de productivité exceptionnellement élevée – comme les zones d’upwelling au large des côtes du Brésil"7, d’Afrique du Sud8,9, et dans la mer d’Oman10-12. Comme les baleines à bosse, ce sont des « engouffreurs » et ils peuvent être observés se jetant à travers un banc dense de poissons, la bouche béante et les plis de la gorge étendus. Les séquences de chasse pour l’alimentation impliquent souvent plusieurs autres espèces, comme des fous de Bassan, des dauphins communs, des phoques et des requins13.

Structure sociale, reproduction et croissance

Les rorquals de Bryde sont généralement observés seuls ou en groupes de trois au maximum, bien que l’on puisse rencontrer dans les zones d’alimentation privilégiées des regroupements plus importants allant jusqu’à 20 individus. Les données sur la chasse à la baleine montrent que dans certaines populations de rorquals de Bryde vivant au large, l’accouplement et la mise bas ont lieu pendant les mois d’hiver. Cependant, les populations côtières de rorquals de Bryde en Afrique du Sud n’ont montré aucune restriction saisonnière pour les accouplements et la mise bas6. La gestation dure environ 11 mois, et le jeune reste probablement avec sa mère jusqu’à ce qu’il soit sevré vers l’âge de 6-7 mois6. Comme les petits rorquals, le rorqual de Bryde semble pouvoir donner naissance à un baleineau tous les deux ans4,6.

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Menaces et état de conservation

Prédateurs naturels

Il n’existe pas d’informations fiables sur les prédateurs naturels du rorqual de Bryde, bien que l’on suppose que, comme pour les autres baleines à fanons, seules les orques seraient assez grandes et fortes pour s’attaquer à ces baleines et leurs petits.

Menaces d’origine humaine

Depuis l’arrêt de la chasse commerciale à la baleine, il existe très peu d’informations sur les menaces actuelles pesant sur le rorqual de Bryde. Les collisions avec les bateaux et l’enchevêtrement dans les engins de pêche sont susceptibles d’affecter cette espèce dans une certaine mesure, des incidents ayant été documentés en mer d’Oman12 et en Afrique du Sud14. Il a également été signalé que les senneurs à la senne tournante coulissante pêchant le thon tendent leurs filets autour des rorquals de Bryde qui se nourrissent probablement dans les mêmes bancs de petits poissons qui attirent les thons. On ne sait pas si cette association conduit ou non à des niveaux significatifs de mortalité15,16. Les populations côtières sont intrinsèquement menacées en raison de leur petite taille et de leur faible diversité génétique. C’est notamment le cas de la population du Golfe du Mexique17 et de la population côtière d’Afrique du Sud14.

État de conservation

Les rorquals de Bryde n’ont pas fait l’objet d’une chasse commerciale intensive, en partie à cause de leur répartition essentiellement tropicale en dehors des zones de chasse les plus courantes situées à des latitudes plus élevées, et en partie parce qu’ils sont plus petits et moins intéressants ou lucratifs que les espèces plus grandes qui produisent plus d’huile et de viande. Par conséquent, la plupart des stocks de rorquals de Bryde sont considérés comme relativement intacts, bien que la confusion de longue date entre les espèces puisse signifier que certaines des captures enregistrées comme rorquals de Rudolphi pourraient en fait être des rorquals de Bryde. Des captures de rorquals de Bryde en nombre limité sont encore faites chaque année dans le Pacifique Nord-Ouest, dans le cadre du permis spécial japonais de chasse à la baleine.

La confusion de longue date entre le rorqual de Bryde et le rorqual de Rudolphi, qui rend difficile l’estimation des effectifs des populations avant et après la période de chasse à la baleine, combinée au manque continu de clarté concernant le statut taxonomique des populations de rorqual de Bryde dans le monde, a rendu difficile l’évaluation précise de cette espèce. Cependant, en 2018, le rorqual de Bryde a été classé dans la catégorie Préoccupation mineure sur La liste rouge des espèces menacées de l’UICN. Il est inscrit à l’Annexe II de la Convention sur les espèces migratrices (CMS) et à l’Annexe I de la CITES.

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Rorquals de Bryde et tourisme d’observation

Les rorquals de Bryde ne sont pas souvent la cible principale des excursions d’observation des baleines en raison de leur nature insaisissable. Cependant, ils sont présents toute l’année dans de nombreuses zones d’observation de premier ordre, comme l’Afrique du Sud18,19, la Nouvelle-Zélande, le golfe de Thaïlande et le Brésil7. Au large de l’Afrique du Sud, ils sont régulièrement rencontrés et photographiés à la surface et sous l’eau lors de la « Sardine Run » annuelle, qui attire des milliers de touristes pour plonger dans les agrégations de prédateurs marins supérieurs. 

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Références

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  1. Kershaw, F. et al. Population differentiation of 2 forms of Bryde’s Whales in the Indian and Pacific Oceans. Journal of Heredity 104, 755-764 (2013).
  2. Mammology, S. o. M. List of Marine Mammal Species and Subspecies. Committee on Taxonomy https://www.marinemammalscienc... (2017).
  3. Wada, S., Oishi, M. & Yamada, T. K. A newly discovered species of living baleen whale. Nature 426, 278-281 (2003).
  4. Kato, H. & Perrin, W. F. in Encyclopedia of Marine Mammals   (eds W. Perrin, B. Wursig, & J.G.M. Thewissen)  158-163 (Elsevier, 2009).
  5. Taylor, B. L. et al. in IUCN Red List of Threatened Species     (http://www.iucnredlist.org/det... Downloaded on 9 October 2017, 2008).
  6. Best, P. Two allopatric forms of Bryde's whale off South Africa. Report of the International Whaling Commission, 10-38 (1977).
  7. Tardin, R. H., Chun, Y., Simão, S. M. & Alves, M. A. S. Modeling habitat use by Bryde's whale Balaenoptera edeni off southeastern Brazil. Marine Ecology Progress Series 576, 89-103 (2017).
  8. Best, P. B. Distribution and population separation of Bryde's whale Balaenoptera edeni off southern Africa. Marine Ecology Progress Series 220, 277-289 (2001).
  9. Elwen, S., Findlay, K., Kiszka, J. & Weir, C. Cetacean research in the southern African subregion: A review of previous studies and current knowledge. African Journal of Marine Science 33, 469-493 (2011).
  10. Moazzam, M. & Nawaz, R. Arabian Humpback and Baleen Whale sightings along the Pakistan Coast: Information Generated Through WWF Pakistan’s Fishing Crew Observer Programme. Report No. SC/67A/CMP/05, 16 (Bled, Slovenia, 2017).
  11. Sutaria, D. et al. Baleen Whale Records from India. Report No. SC/67A/CMP/03_Rev, 16 (Bled, Slovenia, 2017).
  12. Minton, G., Collins, T., Findlay, K. & Baldwin, R. Cetacean distribution in the coastal waters of the Sultanate of Oman. Journal of Cetacean Research and Management 11, 301-313 (2010).
  13. Penry, G., Cockcroft, V. & Hammond, P. Seasonal fluctuations in occurrence of inshore Bryde's whales in Plettenberg Bay, South Africa, with notes on feeding and multispecies associations. African Journal of Marine Science 33, 403-414 (2011).
  14. Penry, G. S., Findlay, K. & Best, P. in The Red List of Mammals of South Africa, Swaziland and Lesotho   (eds M.F. Child et al.)  (South African National Biodiversity Institute and Endangered Wildlife Trust, South Africa., 2016).
  15. Romanov, E. V. Bycatch in the tuna purse-seine fisheries of the western Indian Ocean. Fishery Bulletin 100, 90-105 (2002).
  16. Escalle, L. et al. Cetaceans and tuna purse seine fisheries in the Atlantic and Indian Oceans: interactions but few mortalities. Marine Ecology Progress Series 522, 255-268 (2015).
  17. Rosel, P. E. & Wilcox, L. A. Genetic evidence reveals a unique lineage of Bryde's whales in the northern Gulf of Mexico. Endangered Species Research 25, 19-34 (2014).
  18. Best, P. B. A Review of the Distribution and Population Separation of Bryde's Whale off Southern Africa. 1-16 (2005).
  19. Melly, B. L., McGregor, G., Hofmeyr, G. J. G. & Plön, S. Spatio-temporal distribution and habitat preferences of cetaceans in Algoa Bay, South Africa. Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 1-15, doi:10.1017/S0025315417000340 (2017).

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