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Dauphin longirostre Stenella longirostris

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Bien que les dauphins longirostres se rencontrent le plus souvent au large, certaines populations fréquentent également les zones littorales. Ils sont alors les grands favoris des excursions d’observation des cétacés, pour leurs acrobaties impressionnantes comprenant des sauts et des claquements, mais surtout pour leur aptitude unique à effectuer des sauts en vrille. Ils sont ainsi capables de tourner sur leur axe latéral en faisant jusqu’à sept rotations complètes en un seul saut. Quatre sous-espèces reconnues de dauphins longirostres ont été décrites dans toute l’aire de répartition tropicale de l’espèce : le dauphin longirostre de Gray (Stenella longirostris longirostris), la forme la plus commune dans toute l’aire de répartition ; le dauphin longirostre oriental (S. l. orientalis) dans le Pacifique Est tropical au large des côtes de l’Amérique du Sud et de l’Amérique centrale ; le dauphin longirostre d’Amérique centrale (S. l. centroamericana) dans une étroite bande d’habitats le long de la côte ouest de l’Amérique centrale ; et le dauphin longirostre nain (S. l. roseiventris) seulement en Asie du Sud-Est et au nord de l’Australie1,2. Il existe également une importante population de dauphin longirostre à ventre blanc, qui est une forme hybride de S. l. longirostris x S. l. orientalis.

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Le dauphin longirostre oriental (à gauche), plus allongé et uniformément gris sur tout le corps, a un aileron dorsal qui semble avoir été placé à l’envers, s’incurvant vers la tête plutôt que vers la queue. Photo gracieusement fournie par Robert Pitman. Le dauphin longirostre nain (au centre) atteint une longueur maximale de 1,58 m, et a un ventre rosé (d’où son nom latin – rosiventris). On le rencontre principalement en Asie du Sud-Est. Photo gracieusement fournie par Rubaiyat et Liz Mansur, WCS Bangladesh. Dauphins longirostre de Gray sur le récif de Samadai, en Égypte (à l’extrême droite). Photo gracieusement fournie par Amina Cesario.

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Risques de confusion

Les dauphins longirostres peuvent facilement être confondus avec d’autres petits dauphins à long bec que l’on rencontre sous les tropiques, notamment les dauphins tachetés pantropicaux, les dauphins rayés et les dauphins communs. Cependant, à faible distance ou à partir d’une bonne photographie, il devrait être possible de distinguer les motifs de couleur uniques de chacune de ces espèces. Dans l’Atlantique, le dauphin de Clymène ressemble le plus au dauphin longirostre, mais il s’en distingue par son bec plus court, la forme de son corps légèrement plus robuste, le double creux de la cape dorsale et la partie supérieure du bec claire bordée de sombre alors que celle du dauphin longirostre est plus uniformément sombre.

Répartition

Les dauphins longirostres sont présents dans les océans Pacifique, Atlantique et Indien, ainsi que dans le golfe Persique et la mer Rouge. Ils sont généralement limités aux latitudes comprises entre 40° S et 40° N. Ils vivent principalement dans les eaux profondes du large, bien qu’ils puissent être observés autour des îles océaniques ou d’autres côtes présentant des eaux profondes proches du littoral (comme en Amérique centrale et au Mexique, dans les îles Hawaï, à Taiwan et aux Philippines)3,4

Présence dans les pays et territoires suivants : Afrique du Sud (KwaZulu-Natal) ; Anguilla ; Arabie saoudite ; Argentine ; Aruba ; Australie ; Bahamas ; Bahreïn ; Bangladesh ; Brésil ; Belize ; Bermudes ; Bonaire, Saint-Eustache et Saba (Saba, Saint-Eustache) ; Brunéi Darussalam ; Cabo Verde ; Cambodge ; Chine ; Colombie ; Comores ; Costa Rica ; Côte d'Ivoire ; Cuba ; Curaçao ; Djibouti ; Dominique ; Égypte ; El Salvador ; Équateur (Galápagos) ; États-Unis d’Amérique (îles Hawaï) ; Fidji ; Ghana ; Guam ; Guatemala ; Guinée ; Honduras ; Hong Kong ; îles Caïmans ; îles Cocos (Keeling) ; îles Cook ; Îles Mariannes septentrionales ; Îles Marshall ; Îles Salomon ; Îles Vierges américaines ; Îles Vierges, britanniques ; Inde (îles Andaman, îles Nicobar) ; Indonésie ; Iran (République islamique d’) ; Jamaïque ; Japon (Honshu) ; Kenya ; Kiribati ; Libéria ; Madagascar ; Malaisie ; Maldives ; Martinique ; Maurice ; Mexique ; Micronésie, États fédérés de ; Mozambique ; Myanmar ; Nicaragua ; Nioué ; Nouvelle-Calédonie ; Oman ; Pakistan ; Panama ; Papouasie–Nouvelle-Guinée ; Pérou ; Philippines ; Polynésie française ; Porto Rico ; République dominicaine ; Réunion ; Sainte-Hélène, Ascension et Tristan da Cunha ; Sainte-Lucie ; Saint-Kitts-et-Nevis ; Saint-Martin ; Saint-Vincent-et-les-Grenadines ; Samoa ; Samoa américaines ; Sénégal ; Seychelles ; Singapour ; Somalie ; Sri Lanka ; Suriname ; Taiwan, Province de Chine ; Tanzanie (République-Unie de) ; Territoire britannique de l’océan Indien ; Thaïlande ; Tonga ; Trinité-et-Tobago ; Tuvalu ; Uruguay ; Vanuatu ; Venezuela (République bolivarienne du) ; Viet Nam.

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Biologie et écologie

Régime alimentaire

La plupart des dauphins longirostres chassent principalement la nuit, capturant de petits poissons en bancs, et parfois des calmars ou des crustacés qui vivent dans la couche de dispersion profonde – une couche dense de petits animaux marins appartenant à de nombreuses espèces différentes qui descendent en profondeur pendant la journée et remontent vers la surface au crépuscule pour se nourrir de plancton5-7. Autour des îles océaniques, comme Hawaï, cela conduit à un rythme unique et prévisible d’alimentation au large durant la nuit, puis de repos dans des baies sablonneuses protégées le jour. Dans les eaux profondes de haute mer, comme dans le Pacifique tropical oriental, les préférences alimentaires des dauphins longirostres les amènent à côtoyer fréquemment diverses espèces de thons ainsi que des dauphins tachetés et d’autres prédateurs océaniques qui se nourrissent tous de petits poissons vivant en bancs. Les dauphins longirostres nains et les dauphins longirostres d’Amérique centrale présents dans les zones plus côtières peuvent se nourrir d’une plus grande diversité de poissons et d’invertébrés vivant sur le fond8. En fonction de la disponibilité des proies, les dauphins longirostres de l’océan Indien et de l’océan Pacifique forment souvent de grands groupes mixtes avec des dauphins tachetés, des dauphins communs, des grands dauphins et des dauphins rayés9.

Structure sociale, reproduction et croissance

Les différentes populations de dauphins longirostres du monde entier semblent avoir développé des structures sociales et des habitudes différentes. Alors que certaines populations côtières forment des groupes plus petits et plus stables, certaines populations de haute mer vivent dans une société de « fission/fusion », où des groupes de plusieurs milliers d’individus ou plus peuvent se rassembler pour se nourrir et se disperser ensuite8. Comme pour les dauphins tachetés pantropicaux, les caractéristiques du cycle de vie de l’espèce sont bien connues, en raison de la disponibilité d’un grand nombre de spécimens capturés accidentellement dans la pêche au thon dans le Pacifique tropical oriental. La gestation est de 10 mois, et les mères allaitent leur petit pendant 1 à 2 ans. Les femelles donnent naissance à un petit tous les trois ans environ.

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Menaces et Conservation

Prédateurs naturels

Les dauphins longirostres sont connus pour être la proie des orques et des grands requins. Les orques pygmées, les pseudorques et les globicéphales tropicaux sont également des prédateurs possibles8.

Menaces d’origine humaine

Après le dauphin tacheté pantropical, le dauphin longirostre est l’espèce la plus gravement touchée par les prises accessoires dans les sennes tournantes et coulissantes des pêcheries de thon dans le Pacifique tropical oriental. En raison de l’association fréquente de l’espèce avec les bancs de thons, les senneurs recherchent les groupes de dauphins à la surface de l’eau et posent intentionnellement leurs filets autour d’eux, les encerclant avec les thons. Entre 1959 et 1972, on estime que 1,3 million de dauphins longirostres ont été tués dans les pêcheries de thon dans le Pacifique tropical oriental10. Depuis lors, diverses mesures ont été mises en place pour réduire les niveaux de mortalité, notamment des modifications des engins de pêche et des procédures qui permettent aux dauphins de s’échapper des filets. La mortalité des dauphins signalée dans le Pacifique tropical oriental est désormais considérée comme durable, avec seulement quelques milliers d’individus mourant dans les filets chaque année, plutôt que des centaines de milliers. Toutefois, la population de dauphins longirostres du Pacifique tropical oriental ne semble pas se rétablir aussi bien qu’on aurait pu s’y attendre11. Il est probable que leurs interactions avec les pêcheries de thon, même si elles ne sont plus fatales, leur causent encore un stress qui réduit leur condition physique et leur capacité à se reproduire12. Les dauphins longirostres sont également capturés comme prises accessoires dans d’autres pêcheries dans l’ensemble de leur aire de répartition8 et il est à craindre que certaines de ces captures accidentelles conduisent à une chasse ciblée sur l’espèce pour servir d’appât dans les pêcheries de requins ou pour la consommation humaine dans plusieurs pays de l’aire de répartition4.

État de conservation

À l’échelle mondiale, les dauphins longirostres sont classés dans la catégorie Données insuffisantes sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN4, et sont inscrits à l’Annexe II de la Convention sur les espèces migratrices (CMS). En raison de l’épuisement important de la population de dauphins longirostres orientaux par la pêche au thon dans le Pacifique tropical oriental, et de l’absence apparente de rétablissement de la population même après la réduction considérable des taux de prises accessoires, la sous-espèce S .l. orientalis est considérée comme Vulnérable sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN"13.

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Dauphin longirostre et tourisme d’observation

En raison de leurs acrobaties et de leur fidélité à des baies de repos spécifiques dans certaines régions, les dauphins longirostres sont une cible appréciée des excursions d’observation des dauphins. Il s’agit de l’espèce la plus fréquemment observée au large de Muscat, en Oman, où l’observation des dauphins est pratiquée depuis 1996, bien qu’une étude réalisée en 2006 ait soulevé des inquiétudes quant à la durabilité des pratiques d’observation des cétacés dans cette région14. Ils sont également au centre du tourisme de nage avec les dauphins à Hawaï, où la recherche a montré que le tourisme a des conséquences à court terme qui pourraient compromettre le bien-être à long terme des individus et de la population dans son ensemble15-17. En Égypte, un programme de gestion unique, et jusqu’à présent réussi, a été mis en place pour protéger l’habitat de repos des dauphins longirostres et réglementer la baignade avec les dauphins sur le récif de Samadai18. Les dauphins longirostres sont également ciblés par le tourisme d’observation à Bali, en Indonésie, et autour des îles situées au large du Brésil.

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Références

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  1. Jefferson, T.A., M.A. Webber, and R.L. Pitman, Marine Mammals of the World: a Comprehensive Guide to their Identification. Second Edition. 2015: San Diego: Academic Press.
  2. Committee on Taxonomy, List of marine mammal species and subspecies. Society for Marine Mammalogy, www.marinemammalscience.org, consulted on 11 October 2017. 2017.
  3. Perrin, W., F., Stenella longirostris. Mammalian Species, 1998. 599: p. 1-7.
  4. Bearzi, G., et al., Stenella longirostris, in The IUCN Red List of Threatened Species. . 2012, http://www.iucnredlist.org/det... Consulted October 2017.
  5. Benoit-Bird, K.J. and W.W.L. Au, Prey dynamics affect foraging by a pelagic predator (Stenella longirostris) over a range of spatial and temporal scales. Behavioral Ecology and Sociobiology, 2003. 53: p. 364-373.
  6. Ponnampalam, L., et al., Feeding ecology of small cetaceans in the Sultanate of Oman. Poster presented at the 17th meeting of the Society for Marine Mammals in Cape Town, 2007.
  7. Ballance, L.T., R.L. Pitman, and P.C. Fiedler, Oceanographic influences on seabirds and cetaceans in the eastern tropical Pacific: A review. Progress in Oceanography, 2006. 69: p. 360-390.
  8. Perrin, W.F., Spinner dolphin Stenella longirostris, in Encyclopedia of Marine Mammals. Second Edition, W.F. Perrin, B. Würsig, and J.G.M. Thewissen, Editors. 2009, Academic Press: San Francisco. p. 1100-1103.
  9. Querouil, S., et al., Why do dolphins form mixed-species associations in the Azores? Ethology, 2008. 114: p. 1183–1194.
  10. Wade, P., Revised estimates of incidental kill of dolphins (Delphinidae) by the purse-seine tuna fishery in the eastern tropical Pacific, 1959-1972. Oceanographic Literature Review, 1996. 1(43): p. 69.
  11. Gerrodette, T. and J. Forcada, Non-recovery of two spotted and spinner dolphin populations in the eastern tropical Pacific Ocean. Marine Ecology Progress Series, 2005. 291: p. 1–21.
  12. Edwards, E.F., Fishery Effects on Dolphins Targeted by Tuna Purse-seiners in the Eastern Tropical Pacific Ocean. International Journal of Comparative Psychology, 2007. 20: p. 217-227.
  13. Hammond, P.S., et al., Stenella longirostris ssp. orientalis, in The IUCN Red List of Threatened Species. Version 2014.3. 2012, http://www.iucnredlist.org/det... Consulted October 2017.
  14. Ponnampalam, L.S., Dolphin Watching in Muscat, Sultanate of Oman: Tourist Perceptions and Actual Current Practice. Tourism in Marine Environments, 2011. 7(2): p. 81-93.
  15. Courbis, S. and G. Timmel, Effects of vessels and swimmers on behavior of Hawaiian spinner dolphins (Stenella longirostris) in Kealake‘akua, Honaunau, and Kauhako Bays, Hawai‘i. Marine Mamal Science, 2009. 25(2): p. 430-440.
  16. Danil, K., D. Maldini, and K. Marten, Patterns of use of Maku'a Beach, O'ahu, Hawai'i, by dolphins (Stenella longirostris) and potential effects of swimmers on their behavior. Aquatic Mammals, 2006. 31(4): p. 403-412.
  17. Timmel, G., et al., Effects of human traffic on the movement patterns of Hawaiian spinner dolphins (Stenella longirostris) in Kealakekua Bay, Hawaii. Aquatic Mammals, 2008. 34(4): p. 402.
  18. Notarbartolo di Sciara, G., et al., Spinner dolphin (Stenella longirostris) resting habitat in Samadai Reef (Egypt, Red Sea) protected through tourism management. Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 2008. 89(1): p. 211-216.

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