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Marsouin commun Phocoena phocoena

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Le marsouin commun, l’une des plus petites espèces de cétacés, a généralement un comportement discret. Il vit le plus souvent en petits groupes, et fait surface rapidement sans trop montrer son corps au-dessus de l’eau1. De ce fait, il n’est pas souvent la cible principale des activités d’observation des dauphins. Cependant, comme il s’agit de l’une des espèces de cétacés les plus communes en Europe et sur les deux côtes de l’Amérique du Nord, les observateurs de baleines et de dauphins dans l’une ou l’autre de ces régions ont de bonnes chances d’apercevoir ce marsouin compact et énigmatique. Compte tenu de la répartition littorale des marsouins, il est possible de les voir depuis la terre ferme dans de nombreux secteurs, par exemple aux Pays-Bas, où ils sont l’objet d’une forme unique d’observation terrestre des cétacés qui permet aux observateurs d’écouter leurs vocalisations en temps réel (voir l’étude de cas « studio des marsouins communs » sur ce site Web). On peut également les apercevoir depuis le Golden Gate bridge ou depuis les ferries qui traversent la baie de San Francisco.


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Risques de confusion

Le marsouin commun se distingue assez facilement de toutes les autres espèces avec lesquelles il partage son habitat. Il n’y a pas d’autres espèces de marsouins dans l’Atlantique Nord avec lesquelles il peut être confondu, et tous les autres cétacés de l’Atlantique sont beaucoup plus grands. Dans le Pacifique Nord, le marsouin commun partage son habitat avec le marsouin de Dall et il existe des hybrides entre ces deux espèces, généralement le fruit du croisement d’un marsouin de Dall femelle et d’un marsouin commun mâle2. Cependant, en l’absence d’hybridation, le marsouin de Dall se distingue facilement du marsouin commun par son motif noir et blanc frappant et par la flamme blanche sur son aileron dorsal. 

Répartition

Trois sous-espèces de marsouin commun sont actuellement officiellement reconnues : le marsouin commun du Pacifique (Phocoena phocoena vomerina), le marsouin commun de l’Atlantique (P. p. phocoena), et le marsouin commun de la mer Noire (P. p. relicta)3. Une quatrième sous-espèce présente autour de la péninsule ibérique et en Afrique du Nord (P. p. meridionalis) a été proposée. Dans toute son aire de répartition, l’espèce se rencontre dans les eaux tempérées froides ou subpolaires, généralement près du littoral et à des profondeurs inférieures à 100 m.

Présence dans les pays et territoires suivants : Allemagne ; Belgique ; Bulgarie ; Cabo Verde ; Canada ; Chine ; Danemark ; Estonie ; Espagne ; États-Unis d’Amérique ; Fédération de Russie ; Finlande ; France ; Géorgie ; Gibraltar ; Islande ; Irlande ; Japon ; Lettonie ; Lituanie ; Mauritanie ; Maroc ; Norvège ; Pays-Bas ; Pologne ; Portugal ; Roumanie ; Royaume-Uni de Grande-Bretagne et d’Irlande du Nord ; Sénégal ; Suède ; Tunisie ; Turquie ; Ukraine.

Présence incertaine en République populaire démocratique de Corée et République de Corée.

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Biologie et écologie

Régime alimentaire

Les marsouins communs ayant un métabolisme rapide, ils doivent se nourrir souvent et dépendent donc de proies fortement caloriques. Ainsi, dans la plupart des zones, ils consomment principalement des poissons à forte teneur en graisse comme des harengs, des sprats, des anchois, des merlans et des lançons1,4,5. Cependant, les préférences des différentes populations en matière de proies varient. Ils ont récemment été observés se nourrissant de morues au large des côtes du Groenland 1, et dans d’autres zones, ils consomment également des calmars et des crustacés1. Bien qu’ils chassent normalement seuls ou en très petits groupes, ils ont aussi été observés en train de coopérer pour encercler ou rassembler des poissons afin de les capturer1.

Structure sociale, reproduction et croissance

Les marsouins communs se rencontrent généralement en petits groupes comptant jusqu’à cinq ou six individus1,2,6. Cependant, des agrégations (temporaires) plus importantes ont également été notées à certains endroits. La gestation dure 10,5 mois. À la naissance, le petit mesure environ 70-80 cm et ne pèse que 5 kg7. Les jeunes dépendent du lait de leur mère jusqu’à l’âge d’un an environ, mais ils peuvent commencer à attraper leurs propres proies (petits crustacés et poissons, par exemple) bien avant d’être complètement sevrés7. Les mâles et les femelles sont sexuellement matures à l’âge de 3 ou 4 ans, mais ont une durée de vie moyenne très courte, de 8 à 10 ans seulement1,7. Dans l’Atlantique, les femelles peuvent produire un petit chaque année pendant leur courte phase de reproduction, mais dans le Pacifique, il semble plus fréquent qu’elles mettent bas tous les deux ans1.

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Recherche, menaces et conservation

Les marsouins communs sont chassés et consommés par les orques et les requins. Cependant, ils sont également attaqués par des phoques gris8 et des grands dauphins9,10 qui les tuent sans les consommer, peut-être poussés par la compétition pour les proies11. Bien que la chasse aux marsouins communs soit encore pratiquée de manière limitée au Groenland12,13, les prises accessoires dans les engins de pêche constituent la menace la plus répandue à laquelle ils sont confrontés dans toute leur aire de répartition, les filets maillants constituant le plus grand risque14-17. En raison de leur répartition côtière souvent située dans des zones à forte densité de population, ils sont également exposés à une série d’autres menaces, notamment la pollution chimique18, le bruit en milieu marin provenant des navires et des travaux de construction19, la dégradation de l’habitat et l’appauvrissement des proies par la surpêche1,14.

État de conservation

Le marsouin commun vivant près du littoral de pays qui disposent généralement de ressources et ont la capacité de mener des comptages réguliers, des estimations de population sont disponibles pour de nombreux secteurs de l’aire de répartition de l’espèce12,20,21. Les estimations combinées indiquent qu’il y a plus d’un million de marsouins communs dans le monde sur l’ensemble de l’aire de répartition. Ainsi, l’espèce est classée à l’échelle mondiale dans la catégorie Préoccupation mineure sur la Liste rouge des espèces menacées de l’UICN14. Cependant, il existe des exceptions notables : la population de la mer Baltique est considérée comme étant En danger critique d’extinction15, et la population de la mer Noire est considérée comme étant En danger16. La population de la péninsule ibérique suscite également une inquiétude croissante. Dans les trois cas, les prises accessoires des pêcheries représentent la principale cause du déclin continu des populations15,16,22.

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Marsouin commun et tourisme d’observation

Les marsouins communs sont rarement la cible principale des activités d’observation des baleines ou des dauphins. Cependant, comme ils sont très répandus dans les eaux côtières de l’Amérique du Nord et de l’Europe, on les rencontre souvent lors des excursions d’observation des cétacés dans ces régions. Ils peuvent être observés au Canada, au Danemark, en Espagne, aux États-Unis d’Amérique, en France, en Irlande, en Norvège, au Portugal et au Royaume-Uni.

 Aux Pays-Bas, une forme unique d’observation terrestre permet aux observateurs de repérer les marsouins communs depuis le rivage et d’écouter leurs vocalisations en temps réel. Pour en savoir plus à ce sujet, consulter l’étude de cas présentée dans le présent guide.

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Références

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  1. Bjørge, A. & Tolley, K.A. in Encyclopedia of Marine Mammals Vol. Third Edition  (eds B Würsig, J.G.M. Thewissen, & K.M. Kovacs)  448-451 (Academic Press, Elsevier, 2018 ). 
  2. Jefferson, T. A., Webber, M. A. & Pitman, R. L. Marine Mammals of the World: a Comprehensive Guide to their Identification. Second Edition.  (San Diego: Academic Press, 2015). 
  3. Committee on Taxonomy. List of marine mammal species and subspecies. Society for Marine Mammalogy, www.marinemammalscience.org, consulted on 11 June 2020. (2020). 
  4. Borjesson, P., Berggren, P. & Ganning, B. Diet of harbor porpoises in the Kattegat and Skagerrak seas: Accounting for individual variation and sample size. Marine Mammal Science 19, 38-58 (2003). 
  5. Santos, M. B. & Pierce, G. J. The diet of harbour porpoise (Phocoena phocoena) in the northeast Atlantic. Oceanography and Marine Biology: an Annual Review 41, 355-390 (2003). 
  6. Bouveroux, T. et al. Modelling fine-scale distribution and relative abundance of harbour porpoises in the Southern Bight of the North Sea using platform-of-opportunity data. Journal of the Marine Biological Association of the United Kingdom, 1-9, doi:10.1017/S0025315420000326 (2020). 
  7. Lockyer, C. Harbour porpoises (Phocoena phocoena) in the North Atlantic: Biological parameters. NAMMCO Scientific Publications 5, 71-89 (2003). 
  8. Leopold, M. F. et al. Exposing the grey seal as a major predator of harbour porpoises. Proceedings of the Royal Society B: Biological Sciences 282, 20142429, doi:doi:10.1098/rspb.2014.2429 (2015). 
  9. Jacobson, E. K., Forney, K. A. & Harvey, J. T. Acoustic evidence that harbor porpoises (Phocoena phocoena) avoid bottlenose dolphins (Tursiops truncatus). Marine Mammal Science 31, 386-397, doi:10.1111/mms.12154 (2015). 
  10. Barnett, J. et al. Postmortem evidence of interactions of bottlenose dolphins (Tursiops truncatus) with other dolphin species in south-west England. Veterinary Record 165, 441-444 (2009). 
  11. Spitz, J., Rousseau, Y., Ridoux, V. & Preen, A. R. Diet overlap between harbour porpoise and bottlenose dolphin: An argument in favour of interference competition for food? Estuarine, Coastal and Shelf Science 70, 259-270 (2006). 
  12. NAMMCO. Report of the NAMMCO Scientific Committee Working Group on Harbour Porpoise. 32 (North Atlantic Marine Mammal Commission, Copenhagen, Denmark, 2019). 
  13. NAMMCO. Report of the Meeting of the Management Committee for Cetaceans, March 2018. 17 (North Atlantic Marine Mammal Commission Tromsø, Norway, 2018). 
  14. Braulik, G., Minton, G., Amano, M. & Bjorge, A. in The IUCN Red List of Threatened Species 2020   (eds R. Reeves & B. Taylor)  (In press). 
  15. Hammond, P. S. et al. Pocoena Phocoena (Baltic Sea subpopulation). The IUCN Red List of Threatened Species e.T17031A98831650 (2016).
  16. Birkun Jr, A. & Frantzis, A. Phocoena phocoena ssp. relicta. . The IUCN Red List of Threatened Species Downloaded on 28 January 2019. (2008). 
  17. Scheidat, M., Couperus, B. & Siemensma, M. Electronic monitoring of incidental bycatch of harbour porpoise (Phocoena phocoena) in the Dutch bottom set gillnet fishery (September 2013 to March 2017). 79 (Wageningen University and Research, Wageningen, Netherlands, 2018). 
  18. Covaci, A. et al. Determination of organohalogenated contaminants in liver of harbour porpoises (Phocoena phocoena) stranded on the Belgian North Sea coast. Marine Pollution Bulletin 44 1157-1165 (2002). 
  19. Tougaard, J., Carstensen, J., Teilmann, J., Skov, H. & Rasmussen, P. Pile driving zone of responsiveness extends beyond 20 km for harbor porpoises (Phocoena phocoena). Journal of the Acoustic Society of America 126, 11-14 (2009). 
  20. Carretta, J. V. et al. U.S. Pacific marine mammal stock assessments: 2017. 161 (2018). 
  21. Hayes, S. A. et al. US Atlantic and Gulf of Mexico marine mammal stock assessments—2017. 282 (National Oceanic and Atmospheric Administration, National Marine Fisheries Service, Northeast Fisheries Science Center, Woods Hole, Massechusetts, 2018). 
  22. Read, F., Santos, M. B., Ferreira, M., Lopez, A. & Pierce, G. J. Harbour porpoise (Phocoena phocoena) and fisheries interactions in the north-west Iberian Peninsula. document presented to the Scientific Committee of the International Whaling Commission, 24 (2020). 

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