Partager cette page!

X

Partager cette page sur les médias sociaux:

ESPAGNE : LES ÎLES CANARIES Charte de durabilité à Tenerife

Historique et contexte

Les îles Canaries sont une région autonome de l’Espagne, située dans l’océan Atlantique à environ 100 km à l’ouest du Maroc. Les sept îles principales ainsi que divers îlots et îles plus petites sont classés comme étant l’une des régions ultrapériphériques de l’Union européenne. Alors que la population permanente des îles est évaluée à environ 2 millions d’habitants, on estime que 12 millions de personnes visitent l’archipel chaque année, générant 32 % du PIB de la région1.

L’observation des mammifères marins s’y déroule toute l’année sur toutes les îles. Les principales zones dédiées à ces activités chevauchent les aires protégées par le réseau Natura 2000 de l’Union européenne.

De 2008 à 2018, l’activité d’observation des baleines a augmenté d’une manière globale. Après une période incertaine lors de la crise économique, des changements ont été notés dans les types de bateaux utilisés (avec une réduction du nombre de bateaux de grande taille) et le type d’excursion (avec un passage à des excursions plus courtes et moins chères).

Les estimations pour 2008 suggéraient un total de 625 000 visiteurs pour l’observation des mammifères marins aux îles Canaries. Le prix du billet variait considérablement, allant de 6 € à 60 € selon la durée et le type de l’excursion. Au total, 37 bateaux étaient autorisés à effectuer des excursions d’observation des baleines, la majeure partie du secteur étant concentré sur l’île de Tenerife : environ 70 % des bateaux, 65 % de l’activité des opérateurs et 75 % de la capacité de transport de passagers. 

Fin 2018, 111 bateaux d’observation des baleines étaient autorisés à opérer dans tout l’archipel, comprenant 82 entreprises réparties dans 16 ports. La capacité totale en passagers est de 3 951 places. Des demandes d’autorisation étaient en cours pour cinq autres bateaux et un autre port.

Données sur le tourisme d’observation des baleines aux îles Canaries en 2018

Nb de ports

Nb de bateaux

Nb d’entreprises

Capacités

Tenerife*

6

68

48

2245

Gran Canaria

2

15

13

997

Gomera

1

7

5

197

La Palma

1

8

3

213

Fuerteventura

3

8

8

225

Lanzarote

2

4

4

62

El Hierro

1

1

1

12

TOTAL

16

111

82

3951

*À Tenerife, 5 autres bateaux sont en attente d’autorisation

Tourisme à Tenerife

Des sept îles principales, Tenerife est la destination touristique la plus populaire, recevant environ 5 millions de personnes par an, avec un secteur touristique en plein essor et des infrastructures bien établies pour accueillir les visiteurs, dont la majorité viennent d’Europe du Nord ou d’Europe centrale (dont 35 % de Grande-Bretagne et 11 % d’Allemagne)1.

Jusqu’à 22 espèces de cétacés sont présentes au large de la côte sud-ouest de Tenerife, ce qui en fait un lieu important pour l’observation. Cette zone abrite des populations de grands dauphins (Tursiops truncatus) et de globicéphales tropicaux (Globicephala macrorinchus) que l’on peut voir toute l’année, ainsi que plusieurs espèces de tortues2.

La riche biodiversité de cette zone et la nécessité de la préserver ont été reconnues par l’Union européenne, qui l’a incluse dans le réseau Natura 2000 sous la désignation de bande marine de Teno-Rasca.

Le tourisme est l’activité principale de Tenerife. L’île a attiré 5,7 millions de touristes en 2017, générant 4 305 millions d’euros. L’observation des baleines est l’un des principaux produits et représente la deuxième activité la plus populaire auprès des touristes (724 000 personnes, 12,7 % du total en 2017)3. C’est également la deuxième activité la plus populaire en matière d’impact économique direct, avec des recettes estimées à 26,6 millions d’euros en 2017. Actuellement, 66 bateaux sont autorisés à pratiquer cette activité.

Retour en haut de page ↑

Mesures de réglementation et de gestion

En 1996, le gouvernement des îles Canaries a publié un ensemble de réglementations obligeant les tour-opérateurs proposant des activités d’observation des baleines à obtenir un permis. Pour satisfaire aux exigences du permis, les opérateurs devaient se conformer à certaines normes de sécurité et normes environnementales, accepter d’avoir un guide à bord et respecter les lignes directrices d’approche. La réglementation a été mise à jour en 2000 (Décret 178/2000) et 2007 (Décret royal 1727/2007) pour inclure des règles plus spécifiques qui distinguent les lignes directrices d’approche pour les baleines de celles pour les dauphins et qui clarifient d’autres mesures.

Malgré les réglementations nationales et communautaires autonomes qui établissent clairement les conditions d’observation des cétacés, la mise en œuvre de ces réglementations a été difficile et le nombre de bateaux opérant illégalement a augmenté. Cela a entraîné une réduction du prix du service et une baisse de la qualité de l’expérience touristique. De plus, cela a ultérieurement généré un climat de méfiance de la part des entreprises qui exerçaient l’activité légalement.

L’écosystème marin a également subi les effets de cette activité illégale et peu respectueuse de l’environnement. Des études en ont souligné les conséquences sur les globicéphales tropicaux sédentaires4.

Retour en haut de page ↑

Promotion des meilleures pratiques

Par conséquent, la Tenerife Tourism Corporation (TTC)5 a lancé en 2010 un projet pour encourager la transition vers un modèle d’écotourisme favorisant un engagement des entreprises vers de meilleures pratiques – plutôt que le simple respect de la réglementation. Ce travail participatif a abouti à la Charte de qualité de l’observation des mammifères marins. Cette Charte comporte 15 points sur lesquels les entreprises s’engagent volontairement en ce qui concerne la qualité de service et la protection de l’environnement : gestion sélective des déchets, propreté du milieu marin, guides efficaces, discussion de présentation de l’excursion, des baleines et des autres ressources naturelles, et sensibilisation à la protection de l’environnement. La Charte a été lancée auprès de 10 entreprises.

L’engagement de la TTC envers les entreprises implique une formation et un soutien spécialisés pour la mise en œuvre de la Charte, ainsi que du matériel promotionnel et éducatif pour le produit.

Toutes les entreprises associées ont été évaluées chaque année de 2012 à 2018, par des visites anonymes. Le nombre d’entreprises associées a varié en fonction de cette évaluation, avec 15 d’entre elles engagées en 2019.

L’évolution des tendances du tourisme, le développement du secteur et l’arrivée de nouvelles entreprises ont nécessité une mise à jour de la Charte en 2018. En réponse, la TTC a entamé un processus de mise à jour de la réglementation, en collaboration avec le secteur de l’observation des baleines. Un projet de recherche collaboratif – impliquant les entreprises, les spécialistes de l’environnement du gouvernement local, le gouvernement des îles Canaries et le ministère de l’Environnement, ainsi que des scientifiques et des spécialistes du muséum d’histoire naturelle et des conseils locaux – a abouti à la mise à jour de la Charte de durabilité de l’observation des mammifères marins : 

La mission de la nouvelle Charte est de favoriser l’engagement du secteur de l’observation des baleines à être le gardien des cétacés et de promouvoir Tenerife en tant que destination de tourisme durable, ayant un effet positif sur la population locale et nos visiteurs.

Notre vision pour 2025 est que Tenerife soit une destination touristique qui prend soin des cétacés et les respecte, offrant un modèle de durabilité aux autres parties du monde qui partagent leurs côtes avec les baleines et les dauphins.

Les engagements de la Charte

La nouvelle Charte comprend 24 indicateurs qui reflètent cinq engagements :

  • Transmettre des expériences significatives et transformatrices ;
  • Offrir un produit touristique qui rend justice à un environnement unique ;
  • Prendre soin de l’environnement et de la communauté locale ;
  • Se conformer à toutes les réglementations en vigueur ; et
  • Œuvrer pour la transparence, l’engagement et l’amélioration continue.

Les indicateurs comprennent :

  • Une approche prudente et respectueuse des animaux ; et
  • Une gestion sélective des déchets et l’interdiction du plastique à usage unique ;

Le respect de ces engagements est évalué à l’aide de plusieurs mesures, notamment par des visites anonymes et un questionnaire d’auto-évaluation.

Le nouveau rôle d’Associés de la Charte permet également aux entités et entreprises d’autres secteurs d’adhérer. Par exemple, l’Hôtel Hovima La Pinta – situé à proximité de l’un des ports de départ des excursions – a été nommé premier associé. Pour refléter son engagement, l’hôtel a repensé son image, installé une fresque murale représentant les espèces de cétacés que l’on peut voir autour de l’île et un panneau d’information sur la bande marine de Teno-Rasca, en plus d’offrir des activités pour promouvoir ces sujets. L’hôtel s’est également engagé à ne travailler qu’avec des bateaux signataires de la Charte.

Les entreprises signataires de la Charte sont répertoriées ici.

Retour en haut de page ↑

Leçons apprises et conséquences

Cette charte a été utile pour renforcer la durabilité des activités d’observation des baleines à Tenerife, en collaboration avec les entreprises. Quinze entreprises y ont adhéré, ce qui représente 32 bateaux, soit près de 50 % des embarcations autorisées. Actuellement, 10 autres attendent d’être évaluées, ce qui porterait le total à 60 % du secteur.

Depuis 2010, certaines des entreprises sont passées d’une offre d’excursions maritimes générales à une spécialisation dans l’observation des mammifères marins, privilégiant l’observation de la vie marine aux autres services touristiques.

Les entreprises signataires de la Charte ont renforcé leur engagement pour la préservation de l’environnement, en augmentant leurs collectes de déchets marins lors des sorties et en promouvant l’éducation à l’environnement, comme il est possible de le voir sur les liens suivants :

Les verres en plastique à usage unique utilisés lors des déplacements sont remplacés par des verres biodégradables. Cela réduira le nombre de verres en plastique de 640 500 unités par an, et peut-être même 750 000 unités. Cet indicateur est conforme aux récentes initiatives de l’UE visant à réduire considérablement l’impact des emballages en plastique sur le milieu marin.

Les employés de ces entreprises reçoivent une formation spécialisée pour améliorer leurs performances. Cinq ateliers sur les espèces marines, la commercialisation, la réglementation et les lignes directrices ont été organisés en 2017. Un atelier sur le sauvetage des animaux marins blessés et un cours pour le personnel de vente ont été organisés en 2018. Au total, 80 personnes ont été formées.

La Charte est la première initiative de certification gratuite des activités d’observation des mammifères marins développée conjointement par les secteurs public et privé, à travers leur engagement pour la durabilité, valorisant ces activités auprès des pouvoirs publics. Elle a concouru au 15e Prix de l’Organisation mondiale du tourisme cette année.

Un facteur clé du succès de la Charte est le travail collaboratif avec les entreprises, les techniciens et les collectivités locales, qui a renforcé la confiance entre les entreprises. Par ailleurs, les sociétés signataires de la Charte mettent en place une association pour l’observation durable des cétacés et pour la conservation du milieu marin, l’ACEST (Association écologique pour les cétacés du sud de Tenerife).

Une leçon clé est que même lorsque les mesures réglementaires sont bien conçues, une mise en œuvre efficace est nécessaire. La Charte a permis de dynamiser une activité plus durable même si le contrôle par les autorités reste nécessaire.

Pour plus d’informations sur l’observation des mammifères marins à Tenerife, aux îles Canaries, veuillez contacter : productos@webtenerife.com et webtenerife.

Retour en haut de page ↑

Références

Afficher / Masquer les références
  1. Estadistica, I. C. d. Estadisticas de Demografia, 2017).
  2. Elejabeitia, C.  and E.  Urquiola.  2009.  Whale-watching in Canary Islands. Pages 23 IWC/61/CC10 International Whaling Comission Scientific Committee, Tuesday, 16 June 2009, Madeira.
  3. Report “Los turistas que visitan Tenerife 2017”. Tenerife Tourism Corporation www.webtenerife.com/investigacion/el-turista-de-tenerife/
  4. MARRERO PÉREZ, J., CRESPO TORRES, A., ESCÁNEZ PÉREZ, A. & ALBALADEJO ROBLES, G. (2016). MITCALD. Determinación de factores de riesgo para la conservación de la población de Calderón tropical (Globicephala macrorhynchus) en el ZEC ES-7020017. TENERIFE.  Contaminación acústica, interacciones tróficas y colisiones (Memoria técnica). Informe de Asociación Tonina para la Fundación Biodiversidad-MAGRAMA http://asociaciontonina.com/memoria-tecnica-final/
  5. Tenerife Tourism Corporation (Turismo de Tenerife) is the public company in charge of the tourism management in the island. Our entity is financed for Cabildo Insular de Tenerife (Government of the Island). www.webtenerife.com

Retour en haut de page ↑

Partager cette page!

X

Partager cette page sur les médias sociaux: